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Pourquoi les ados se couchent-ils tard ?

février 14, 2025

« Pourquoi les adolescents ont-ils des difficultés à s’endormir même fatigués ? », nous demande Frédérique Caffieaux sur notre page Facebook. C’est notre Question de la semaine. Merci à toutes et tous pour votre participation.

Rythmes, cycles et phases de sommeil varient tout au long de la vie. Nourrisson ou senior, long-dormeur ou oiseau de nuit… à chacun son horloge interne ! « Chez l’adolescent, l’horloge interne fonctionne plus lentement que chez l’adulte », expliquait Claude Gronfier, chercheur neurobiologiste à l’Inserm, dans un précédent article de Sciences et Avenir (extrait du hors-série n°203, daté octobre/décembre 2020).

« Ce n’est pas de la paresse, c’est naturel ! »

Chez les adolescents, la sécrétion de la mélatonine, hormone qui favorise l’endormissement, est retardée. Ce qui transforme nos ados en oiseaux de nuit. « Ils vont privilégier les grasses matinées et se coucher tard. Ce n’est pas de la paresse, c’est naturel ! précisait en 2020 Claude Gronfier. « Tous les enfants sont plutôt du matin, mais à l’adolescence tout le monde est du soir… même ceux du matin ! », résumait Jacques Taillard, ingénieur de recherche CNRS et spécialiste du sommeil à l’Université de Bordeaux, dans un précédent article de Sciences et Avenir (issu du magazine Les Dossiers de Sciences et Avenir n°220 daté janvier/ mars 2025). Les chronotypes individuels (lire l’encadré ci-dessous) ne se manifestent finalement que vers 20-21 ans.

Lève-tôt ou couche-tard ?

L’être humain adulte a besoin de sept à neuf heures de sommeil, à de rares exceptions près, celles des « petits dormeurs » qui dorment entre quatre et six heures, se réveillent naturellement et reposés. Une caractéristique génétique qu’on ne trouve que chez 1 à 3 % des individus. Mais pour mieux dormir, il faut aussi savoir à quelle famille de dormeurs on appartient, autrement dit, connaître son chronotype, comme disent les spécialistes. « On en distingue trois, expliquait dans un précédent article de Sciences et Avenir Jacques Taillard, ingénieur de recherche CNRS et spécialiste du sommeil à l’Université de Bordeaux. Il y a les personnes du matin (25 % de la population générale), celles du soir (25 %), et un chronotype intermédiaire qui forme un gradient entre ces deux groupes. »

« D’autre part, les adolescents passent moins de temps à l’extérieur, alors qu’ils sont plus sensibles à la lumière », précisait en 2020 Claude Gronfier. Un autre phénomène amplifie l’effet de ces facteurs impossibles à modifier. « Les adolescents sont de grands utilisateurs d’écrans avant le coucher, soulignait en 2020 Marc Rey, président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). Or la lumière qu’émettent ces derniers bloquerait la sécrétion de mélatonine et retarderait encore davantage l’horloge interne. Sans parler du contenu (réseaux sociaux, séries… ), qui entraîne une excitation psychologique. »

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« Se coucher et se lever à heures régulières et éviter de dormir le week-end jusqu’à midi »

C’est pourquoi le président de l’INSV plaide pour un couvre-feu digital une heure avant d’aller au lit. Il met aussi en garde contre les grasses matinées : « Si elles durent trop, le rythme veille-sommeil risque de s’inverser. » Des modifications qui expliquent certains troubles comme des difficultés à l’endormissement, des retards de phase, des somnolences diurnes. Ces perturbations peuvent générer de l’anxiété et faire le lit de la dépression. La solution ? « Pour se recaler, les jeunes doivent s’astreindre à une routine de sommeil, conseillait en 2020 Marc Rey. Se coucher et se lever à heures régulières et éviter de dormir le week-end jusqu’à midi. »

Le rythme circadien influence aussi la réussite scolaire. C’est pourquoi des pédiatres américains se sont inquiétés des horaires du lycée. Plusieurs districts scolaires ont ainsi décalé l’heure de début des cours : de 7h20 à 8h40 dans le Minnesota ; ou encore de 7h50 à 8h45 à Seattle (Washington). Conséquence : les notes aux examens ainsi que l’assiduité se sont améliorées. En France, la question n’est pas encore sortie des bureaux de spécialistes…

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