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Sante sexuelle: pas assez informes, les jeunes Francais se protegent moins

septembre 3, 2024

« Pour ma +premiere fois+, j’ai fait l’amour sans capote car ma copine m’avait dit que c’etait +safe+ »: en France, comme ailleurs en Europe, les adolescents ont moins recours au preservatif, par deficit d’information, a en croire des experts.

Lucas, 19 ans, en BTS audiovisuel, a eu son premier rapport sexuel l’annee derniere. Meme si son ex-petite amie l’avait assure qu’elle ne pouvait pas tomber enceinte, il ne s’est pas senti « tres serein » le lendemain. « J’ai commence a regarder sur internet quels etaient les risques potentiels que je courais », raconte-t-il a l’AFP devant son lycee de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Son camarade Yohann (prenoms modifies) se souvient aussi de sa premiere fois: « j’avais 15 ans, j’avais mis un preservatif mais il m’empechait d’avoir une erection, alors j’ai fini par l’enlever ».

Selon le jeune homme, la sexualite reste un « sujet tabou » chez les ados. « Et si, a une epoque, on parlait beaucoup du sida, aujourd’hui ce n’est plus vraiment le cas. Les infections sexuellement transmissibles (IST), ca fait moins peur, on n’en meurt pas », decrete-t-il.

Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la sante (OMS) publie la semaine derniere, l’utilisation du preservatif parmi les adolescents sexuellement actifs a baisse significativement en Europe depuis dix ans, avec des proportions de rapports non proteges « inquietants ».

Entre 2014 et 2022, le pourcentage d’adolescents ayant declare avoir utilise un preservatif lors de leur dernier rapport sexuel est passe de 70% a 61% chez les garcons, de 63% a 57% chez les filles.

– Freins –

Un client regarde des preservatifs dans une grande pharmacie parisienne le 8 septembre 2020. (AFP – Martin BUREAU).
Un client regarde des preservatifs dans une grande pharmacie parisienne le 8 septembre 2020. (AFP – Martin BUREAU).

En France, parmi les repondants de 15 ans ayant signale une activite sexuelle en 2022, 30% des filles comme des garcons ont indique ne pas en avoir mis lors de leur dernier rapport.

« Dans les annees 80-90, il y avait des problemes d’acces au preservatif, qui ont ete completement leves aujourd’hui », reagit Saphia Guereschi, infirmiere scolaire et secretaire generale du syndicat SNICS-FSU.

Depuis janvier 2023, les jeunes de moins de 26 ans peuvent s’en faire delivrer, sans ordonnance et gratuitement, en pharmacie.

« Mais il existe d’autres freins », selon l’infirmiere scolaire. « En reaction a une societe globalement anxiogene, les jeunes prennent de plus en plus de risques », constate-t-elle.

« La crainte du sida est retombee, il y a clairement un relachement; cela ne veut pas dire qu’il faut faire peur mais il est essentiel de reparler de la necessite de se proteger », juge-t-elle.

« Il manque une grande campagne nationale sur les droits sexuels et reproductifs, ca fait dix ans qu’on la reclame », deplore aussi Sarah Durocher, la presidente du Planning familial.

Obligatoire depuis plus de vingt ans, l’education a la vie affective et a la sexualite est dans les faits peu enseignee. Promis en juin 2023 par Pap Ndiaye, alors ministre de l’Education, le premier projet de programme scolaire dedie au sujet a ete publie en mars. Il devait normalement entrer en vigueur a la rentree 2024.

– Hausse des IST –

« Ca va sans doute rester encore un moment dans les tiroirs », regrette Sarah Durocher. « Pourtant, on a un vrai retour de baton avec les IST qui progressent », rappelle-t-elle.

  (AFP - Diptendu DUTTA)
(AFP – Diptendu DUTTA)

Depuis le debut des annees 2000, les infections sexuellement transmissibles bacteriennes ont recommence a augmenter dans les pays occidentaux, apres un recul les 20 annees precedentes dans le sillage de l’epidemie de sida.

Elles ont notamment connu une hausse marquee entre 2020 et 2022 en France metropolitaine.

Depuis lundi, les moins de 26 ans peuvent se faire depister gratuitement sans ordonnance pour quatre IST, en plus du VIH, dont le depistage etait deja rembourse.

« Une bonne nouvelle », pour Florence Thune, la directrice generale de Sidaction.

« On avait beaucoup focalise les messages sur le VIH; la baisse d’utilisation du preservatif est liee a une meconnaissance des autres IST », analyse-t-elle.

Selon le dernier sondage Ifop realise par son association, seuls 36% des jeunes de 15-25 ans declarent utiliser systematiquement le preservatif, un tiers seulement parce qu’ils ont effectue des tests de depistage.

« Les outils pour se proteger sont la », reconnait Florence Thune. « Ce qui manque, c’est une large information sur tous les aspects de la prevention. »

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