A l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, le 4 février 2025, l’Institut Curie, en collaboration avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), annonce le projet FRATHEA. C’est le « lancement opérationnel d’un projet qui nous est cher », précise le professeur Alain Puisieux, président du Directoire de l’Institut Curie.
FRATHEA (pour « Flash RAdiation THerapy Electron Acceleration », en français « thérapie par radiation électronique instantanée ») combine la radiothérapie Flash, une méthode innovante de radiothérapie consistant à administrer une dose très élevée de radiation sur une zone précise en un temps record de moins de 100 millisecondes, et des VHEE (« Very High Energy Electrons », en français « électrons à très haute intensité »).
Ainsi, la combinaison de ces deux technologies, une radiothérapie ultra-rapide et l’accélération de particules, a pour but d’accélérer les traitements, en réduisant la longueur ainsi que le nombre de séances de radiothérapie, tout en protégeant au maximum les cellules saines des patients. Pour le professeur Alain Puisieux, ce projet « met en œuvre une approche technologique innovante pour le patient ».
Qu’est-ce que la radiothérapie ?
La radiothérapie est une méthode de destruction des cellules cancéreuses consistant à utiliser des rayonnements pour bloquer leur capacité à se multiplier. Le but de cette méthode est également de préserver au maximum les tissus sains. Chaque année, en France, plus de 190.000 patients sont traités par radiothérapie, selon l’Institut National du Cancer.
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La radiothérapie classique « semble atteindre ses limites »
Pourquoi utiliser des électrons de très haute énergie ? « Ce sont des particules robustes et maîtrisées », affirme le professeur Gilles Créhange, chef du département de radiothérapie oncologique de l’Institut Curie et coordinateur du projet FRATHEA. De plus, pour le traitement des tumeurs profondes, ces particules ont des propriétés biologiques et physiques avantageuses. En effet, combinées à la radiothérapie Flash, elles permettent d’atteindre avec précision des tumeurs profondes. Ces tumeurs sont, pour la plupart, jusque-là encore inaccessibles par la radiothérapie simple, « qui semble aujourd’hui atteindre ses limites », ajoute Gilles Créhange.
Fonctionnement de la radiothérapie Flash combinée à l’irradiateur de faisceaux d’électrons de très hautes énergies (VHEE). Crédits : Institut Curie
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Des premiers essais cliniques dès 2028
À court terme, le but du projet FRATHEA est de s’implanter en 2026 sur le site hospitalier de l’Institut Curie, à Orsay, et de lancer des premiers essais cliniques d’ici 2028. À plus long terme, d’après le professeur Gilles Créhange, « l’ambition de ce projet est de pouvoir guérir plus de patients atteints de cancers graves avec moins de séquelles, moins d’effets secondaires et moins de pénibilité de traitement ».
En effet, l’objectif ici est de pouvoir soigner des patients avec des cancers de mauvais diagnostics, incurables, ou difficilement traitables, tels que les cancers des poumons, du cerveau ou encore du pancréas. Le traitement des cancers de l’enfant fait également partie des ambitions de ce projet. « Il pourrait même diminuer les séquelles d’un traitement par radiothérapie, notamment chez l’enfant, afin de leur permettre de mieux guérir, de mieux vieillir ainsi que de mieux grandir », conclut Gilles Créhange,