Selon l’Institut national du cancer, les carcinomes basocellulaires cutanés (CBC) représentent 90 % des cancers de la peau diagnostiqués en France. Ils sont les plus fréquents (70 % des cancers cutanés) et les moins graves, car leur développement, limité à la couche basale de l’épiderme, reste localisé. Souvent situés sur le visage, une zone particulièrement exposée au soleil, ces carcinomes peuvent toutefois devenir difficiles à traiter chirurgicalement lorsqu’ils sont localement avancés, avec un risque d’impact sur la qualité de vie des patients.
Une équipe de chercheurs de la MedUni Vienna et l’Hôpital Universitaire de Vienne (Autriche) a étudié l’efficacité d’un nouveau type de traitement et a obtenu des résultats prometteurs dans la phase II de leur test clinique, publiés dans la revue Nature Cancer.
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Un traitement par injections locales de T-VEC
Le traitement utilisé dans cet essai clinique est le TVEC (talimogene laherparepvec), une version modifiée du virus de l’herpès conçue pour attaquer spécifiquement les cellules cancéreuses. Autorisé uniquement pour les métastases superficielles du mélanome (cancer de la peau plus agressif), ce médicament (également commercialisé sous le nom Imlygic) cible les cellules tumorales tout en stimulant le système immunitaire. Dans cet essai clinique, il montre également une efficacité contre une forme moins agressive de cancer cutané : le carcinome basocellulaire.
Dans cette étude, 18 patients atteints de tumeurs difficiles à traiter ont reçu six injections intralésionnelles de TVEC sur une période de 13 semaines avant l’ablation chirurgicale programmée. L’objectif était de réduire la taille des tumeurs pour éviter des interventions lourdes nécessitant des greffes de peau ou des lambeaux cutanés (morceau de peau et de tissu sous-jacent déplacé d’une zone à une autre pour couvrir une plaie ou une zone de peau manquante).
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« Toutes les tumeurs traitées ont au moins diminué de taille et aucune d’entre elles n’a continué à se développer »
Les résultats de l’étude sur le TVEC sont particulièrement encourageants : 55,6 % des patients ont répondu positivement au traitement, et dans un tiers des cas, la tumeur a complètement disparu. De plus, six mois après le traitement, aucun patient n’avait connu de récidive ni de diminution de son espérance de vie.
« Chez la moitié des patients, la tumeur a pu être réduite à tel point qu’une opération avec fermeture directe de la plaie a été possible. Dans un tiers des cas, l’examen histologique ultérieur n’a même montré aucune cellule tumorale vivante. Toutes les tumeurs traitées ont au moins diminué de taille et aucune d’entre elles n’a continué à se développer sous l’effet du traitement. Ce dernier a été bien toléré par les patients », souligne dans un communiqué Christoph Hoeller, auteur principal de l’étude.
Ces résultats ouvrent la voie à une approche pré-chirurgicale innovante pour traiter les carcinomes basocellulaires avancés, en particulier chez les patients atteints de tumeurs étendues. La prochaine étape pour les chercheurs sera d’entamer la phase III de l’essai clinique sur un plus large échantillon de patients.
Ce traitement pourrait être d’autant plus pertinent que les délais pour obtenir un rendez-vous chez un dermatologue restent longs, ce qui peut retarder la prise en charge de ce type de pathologie sur le territoire français. En 2023, un rapport de la Fondation Jean Jaurès révélait que la dermatologie est l’une des spécialités médicales aux délais d’attente les plus longs (36 jours en moyenne) pour obtenir un rendez-vous, selon les données de Doctolib, qui ne prend en compte que les praticiens libéraux.