L’Embryos devoile un nouveau superpouvoir ! L’etape embryonnaire est sans doute la plus mysterieuse de notre existence. En a peine quelques jours, une seule cellule se multiplie et s’organise a toute vitesse, formant le foetus (qui a deja tous nos organes de formes) en a peine huit semaines. Une course folle qui ne nous facilite pas du tout l’observation de toutes ces etapes. Pour l’etudier, les chercheurs peuvent desormais faire pousser en laboratoire des imitations tres realistes de l’embryon. Avec lesquelles ils commencent enfin a devoiler tous les secrets de cette periode vitale.
Un de ces secrets a ete presente le 26 septembre 2024 dans la revue Cellular grace a une collaboration entre l’Institut de biotechnologie moleculaire de l’Academie des sciences autrichienne, l’Institut Max Planck en Allemagne et l’Universite libre de Berlin. En utilisant un de ces simili embryons, les chercheurs ont montre qu’il serait possible de mettre en pause le developpement embryonnaire humain, comme cela peut arriver chez d’autres especes.
Une pause pour donner de meilleures chances au prochain bebe
Ce phenomene, nomme diapause embryonnaire, consiste a ralentir fortement, voire arreter, le developpement de l’embryon a un moment precis. Cette pause est declenchee par des changements hormonaux, qui entrainent une reprogrammation de l’embryon pour ralentir son metabolisme. Mais ces changements sont reversibles, l’embryon n’attendant qu’un signal pour se remettre en branle. Chez certains animaux, cette pause est une etape obligee de leur embryogenese.
Alors que chez d’autres, comme les souris, elle est facultative et survient seulement lorsqu’il convient de retarder l’accouchement, par exemple a cause de conditions environnementales trop difficiles. Donnant une meilleure chance de survie au futur bebe.
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Les simili embryons humains sont aussi capables de faire cette pause
Chez l’embryon de souris, cette pause peut etre declenchee in vitro en inhibant mTOR, une enzyme qui regule la proliferation et la croissance cellulaires. Cela bloque le developpement au niveau du blastocyste, lorsque l’embryon ne compte qu’une centaine de cellules, avant son implantation dans l’uterus. Les chercheurs ont voulu savoir si cette meme strategie aurait le meme resultat chez l’embryon humain, en traitant des embryoides (embryons synthetiques) au stade du blastocyste avec un inhibiteur de mTOR (RapaLink-1).
Et en effet, l’inhibition de cette enzyme ralentissait considerablement le developpement de l’embryoide et l’empechait de s’attacher a des cellules endometriales (qui tapissent l’uterus). Mieux : ce modele embryonnaire humain en pause imitait tres bien ce que l’on a deja observe chez l’embryon de la souris lors de la diapause embryonnaire, y compris le changement du niveau d’expression d’un grand nombre de proteines.
Et comme chez la souris, cette diapause artificielle chez l’embryon humain etait aussi reversible : il suffisait de stopper le traitement inhibiteur de mTOR pour que le developpement de l’embryoide reprenne la ou il s’etait arrete. Regagnant meme la capacite d’adherer a des cellules endometriales, meme si leur efficacite pour le faire restait plus basse que celle des embryons jamais traites avec l’inhibiteur.
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Ces pauses embryonnaires pourraient ameliorer l’efficacite des fecondations in vitro
Ces resultats montrent que l’embryon humain pourrait lui aussi faire ces diapauses embryonnaires, meme si cela n’a jamais ete observe chez notre espece. « Il s’agit peut-etre d’un vestige du processus evolutionnaire que nous n’utilisons plus, specule dans un communique Nicolas Rivron, directeur du laboratoire de developpement synthetique a l’Institut de biotechnologie moleculaire de l’Academie des sciences autrichienne et auteur de l’etude. Meme si on a perdu la capacite d’entrer naturellement dans cet etat de pause, ces resultats suggerent que nous avons garde la possibilite de le faire The et que nous pourrions la declencher. »
Ce qui pourrait etre utile dans certains cas, comme lors de la In vitro fecondation (FIV). « Provoquer ces pauses pourrait nous donner plus de temps pour evaluer la sante de l’embryon avant l’implantation et nous permettrait de mieux le synchroniser avec la mere pour ameliorer les chances d’implantation dans l’uterus. »